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mardi, avril 10, 2012

Crusades : Critique de « The Sun is Down.. ».

ATTENTION!: Le contenu de ce disque pourrait offenser.

Si vous n’êtes pas familier avec la scène de la région d’Ottawa, Crusades est un excellent point de départ pour ne pas être déçu et pour en savoir un peu plus sur ce qui fourmille par là-bas. Crusades est né de l’union d’anciens ou de membres actuels de formations bien connues de cette région: The Creeps, The Sedatives et Buried Inside pour ne nommer que ceux-là. Pour ceux qui reconnaissent ces noms, vous devez certainement vous demander quel peut bien être le résultat qui ressort d’une association aussi éclectique.


Eh bien, laissez-moi vous dire que le résultat est tout à fait génial. Un punk rock lourd et calibré au quart de tour, porté par de superbes harmonies vocales que s’échangent tour à tour les quatre membres du groupe, le tout présenté dans les limites et les couleurs d’un concept peu orthodoxe pour un groupe au son comme le leur.

En effet, dans l’univers de Crusades tout est sombre, très sombre; même la pochette ne diffuse pratiquement aucune lumière. La couverture nous présente une photo blanche et noire d’enfants qui semblent réciter naïvement des cantiques religieux. À l’intérieur, les textes sont imprimés sur fond noir et chacun d’eux est annotés de citations qui viennent relever la thématique des idées. On passe de Frank Sinatra à Charles Manson et on va même jusqu’à citer Anton Szandor LaVey, auteur de la bible satanique et fondateur de la très controversée Church of Satan.

Une bonne idée puisque les paroles peuvent sembler dénudées de sens à prime abord. Au centre, surplombée par un nuage qui vient détacher une de ses branches d’un éclair, se trouve une représentation de l’arbre de la connaissance et, enroulé autour de son tronc, un serpent avale sa propre queue; commencez-vous à saisir le concept de Crusades ? Sur la quatrième de couverture, au-delà du nom des dix titres qui composent « The Sun Is Down and the Night is Riding In », se trouve une photo de chandeliers et de lampions disposées en ce qui semble vouloir former un cœur. Une pochette intrigant qui laisse perplexe celui qui le regarde à propos du contenu musical si on a aucune idée à quoi s’attendre.

L’album débute dans une atmosphère malsaine cadencée au tambour et à l’orgue. Après quelques sinistres secondes, comme si un prêtre réciterait son homélie hebdomadaire à ses disciples avant de vénérer quelques divinités démoniaques, une voix blasphématoire vient prononcer quelques mots et puis sans prévenir, la batterie et les guitares explosent littéralement ensemble pour venir s’imbriquer l’une sur l’autre et former une rythmique mid-tempo qui ne réinvente absolument rien mais qui viendra tout de suite capter votre attention par la puissance de son équilibre. Puis, bercés par la voie unique de Skotty Lobotomy et de ses frères d’armes, Emmanuel Sayer, Dave Williams et Jordan Bell, le ton est donné pour un album qui ne s’essoufflera tout simplement pas.

Les mélodies des guitares et de basses, qui restent constante tout au long de l’album, ne se remarque pas nécessairement dès la première écoute mais elles ajoutent une dimension essentielle à une mouture qui se veut peut-être un peu élémentaire; on parle ici de courtes pièces d’environ 2 à 3 minutes chacune composées dans une progression à 3 ou 4 accords. Toutefois, nos protagonistes réussissent à nous faire oublier rapidement ce qui peut être un accro pour certains tellement le tout est exécuté de façon exemplaire.

De plus, l’addition de la guitare sèche en trame de fond sur certains morceaux – en particulier sur l’excellente Dreamers - dénote une envie d’ajouter une certaine profondeur et un degré de complexité dans la qualité des arrangements. Ceci étant dit, bien que « The Sun is Down and the Night is Riding In» reste un album définitivement punk rock, nous avons droit à des pièces inspirées de style tout de même diversifiées. Je fait référence ici à «Serpentine» qui se veut beaucoup plus mélancolique avec sa finale au piano ou encore à la plus élaborée Driven et la plus brutale «Remedy», un peu plus métal de par son introduction et qui nous est livré de façon plus agressif que le reste de l’album.

D’ailleurs, l’utilisation de la croix inversée comme logo nous laisse croire que leur démarche artistique s’inspire d’un sous-genre de métal extrême, en l’occurrence le black métal - Certains membres ont déjà mentionné à quelques reprises être des amateur de plusieurs formations européennes du début des années 90 de ce marginal phénomène. Cependant, bien que le ton de l’album se veuille sérieux et empreint d’un obscurantisme diabolique, les membres de Crusades s’assurent de rester loin des clichés souvent véhiculés par les adeptes de ce sous-genre musical. Aucun ridicule « corspepaint », aucune image grotesque de décapitation de mouton et aucun texte à propos du sang de la vierge Marie, de l’épée de Conan ou encore du plaisir de parler avec un arbre dans le calme de la forêt carpathienne. Non, leur approche reste authentique à celle d’une formation punk rock mais avec un peu plus de ténèbres qu’à l’habituel.

Ils ne font simplement qu’exposer leur dégoût pour toute forme de religion organisée et dénonce la dénaturalisation de l’homme par l’église catholique, entre autres. De ce point de vue et sachant que les croisades étaient des guerres éclaires commandées et bénies par le haut clergé pour recapturer la sainte Jérusalem de l’emprise des infidèles, on ne peut s’empêcher de voir une pointe de sarcasme et d’ironie dans le choix du nom du groupe. Après tout, ces punks de l’Ontario ne sont-ils pas en croisade contre l’hypocrisie et les crimes commis par nos institutions religieuses?

Évidemment, l’idée principale reste l’athéisme purificateur et la religion nous est présentée sous un très mauvais œil. On se questionne sur la vraie nature de la bête qui sommeille en chacun d’entre nous et de l’interprétation que nous faisons du bien et du mal. On s’indigne de la pédophilie chez les prêtres et des efforts fournis par les autorités ecclésiastiques pour la dissimuler, du fait qu’il est temps d’arrêter d’avoir peur de l’invisible et de redonner à l’homme le titre qu’il devrait avoir, c’est-à-dire, celui du seul et unique souverain sur lui-même… Putain, c’est lourd je sais! Mais n’ayez crainte, Crusades ne prêchent pas nécessairement une ligne dur et dogmatique et on ne donne en définitive aucune réponse. On nous offre plutôt des pistes de réflexion pour argumenter un cheminement qu’inévitablement nous devrons tous faire un jour ou l’autre.

Malgré son côté définitivement obscur qui pourrait rebuter les moins convaincus, je conseille fortement le premier LP de Crusades à tous ceux qui apprécient ce type de punk rock. Pour ma part, cet album figure déjà parmis mes favoris dans le genre et trône fièrement dans ma collection personnelle.

Si vous êtes intéressés d'entendre un peu plus de Crusades, vous pouvez toujours vous procurer leur premier 7¨ sorti en 2010 via Scared to Death Records qui ne comporte que quatre chansons et qui, à mon avis, est beaucoup moins intéressant autant de part sa production que de part sa musique mais qui vaut tout de même une écoute. L'album « The Sun is Down and the Night is Riding in » est, quant à lui, disponible via leur site web ou encore via l’excellente maison de disque It’s Alive Records. Bref, faites tourner cet album sur vos tables tournantes et laissez le malin accomplir son œuvre!

(Écrit par : Coeur Noir)

LIENS DES SITES :
Myspace : Myspace.com/crusadesbandnc
Bandcamp : Itsaliverecords.bandcamp.com
Facebook : Facebook.com/crusades.army

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