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jeudi, février 16, 2012

Groovy Aardvark : Critique d’Oryctérope.

Groupe québécois fondé à Longueuil, Groovy Aardvark est né sous l'influence du punk Hardcore américain de la mi-80 (pensez à DRI, Agnostic Front, Minor Threat, Black Flag). La maturation a toutefois conduit la musique du groupe vers un progressif bilingue liant chanson Rock, Metal, Punk, Funk et autres. Comme le dit un fan de la première heure, c'est du Psycho-Hardcore-toasté-sur-les-bords-cabane-a-sucre.



À l'époque de leurs meilleures années, on comparait souvent Groovy Aardvarck à Grimskunk, autre groupe montréalais de l'underground québécois des années 90. À l'égal de ce cousin musical, Groovy aurait mérité une plus grande reconnaissance de par la teneur, la qualité et l'importance de son oeuvre. Par Oryctérope, Groovy s'est autant plus rapproché de ses racines québécoises qu'il s'est éloigné du show-business mafieux de la province. D'ailleurs, ce disque de 1998 demeure un rare rafraîchissement où respirent richesse musicale et authenticité... Puisse le présent texte favoriser la mémoire pour ce grand groupe. Puisse celui-ci inciter aussi à découvrir ce disque méconnu.

Parfois la musique permet de proférer, mieux que toute autre forme d'art, l'inexprimable et l'indicible. D'elle émanent souvent les pires secrets, les plus étranges absurdités, les plus sordides témoignages : tel que nous l'offre la densité d'Oryctérope. Par coups de révélations et juxtapositions de réalités parallèles, la bêtise prend ici les allures de caricatures mélodiques. Or, les témoignages de ce disque conservent une délicieuse saveur d'ambigüité.

L'intégration d'une multitude de genres musicaux en un son fort et unique confère à Oryctérope un aspect intriguant et tortueux. Pour le plus grand plaisir des auditeurs assoiffés d'harmonies inattendues, les textures sonores inusitées parsèment le disque. À l'égal des paroles ambigus et imagées, des syllabes déformées et de nombreux mots amputés (altérés de façon à déboucher sur des sens inédits), la musique et les 14 pièces d'Oryctérope imposent d'improbables innovations, souillées et obscures. À travers une section rythmique prédominante mais discrète s'impose donc une singulière présence, multidimensionnelle, truculente. À ses côtés, l'incorporation de bruits guitaristiques disparates, placés tels d'agréables fioritures, collaborent à la riche atmosphère de l'album. Ces éléments encadrent maints riffs pesants et refrains frappants, permettant une absorption auditive immédiate et sans heurts. Ainsi le savoir-faire des musiciens sert d'abord à faire valoir des compositions choc, dotées de paroles, messages et atmosphères d'une surprenante cohérence.

Au-delà des riffs éclectiques, rythmes binaires et attitude désinvolte propre au punk rock, Oryctérope se veut légèrement sous-produit, tandis que la fraîcheur et le naturel de l'ensemble demeurent. Dès la première écoute, les pièces s'incrusteront, pour longtemps, dans l'oreille de l'auditeur attentif. Il faut écouter et savourer Oryctérope, même si la célébrité du disque demeurera obscurcie par Vacuum (l'album précédent). Jalon de la culture québécoise contemporaine, ce disque pue le vrai, le bon, l'éprouvé, l'écorché...voilà pourquoi nul ne devrait ignorer cette oeuvre amusante mais étoffée.

Survol des pièces du disque ;
Chaque pièce d’Oryctérope mérite mention, tant la qualité reste constante à travers l’album. Voici un bref survol du disque.

1. C’est une attaque (y’a aucun doute)
;
Dès le départ, le ton est donné. Cette intro parlée évoque une nouvelle ère pour le groupe. Après la manie québécoise pour Vacuum et « Dérangeant » (album précédent et « hit » de Groovy) le groupe déclare s’extirper du show-business québécois, mafieux autant que prisonnier de la triste rectitude du peuple qu’il dessert.
2.Ultra-sonde ;
Hallucinations paranoïaques et délires non innocents relatant un large éventail de perceptions personnelles.
3. Le sein matériel ;
Complainte environnementale aux accents et double-sens poétiques
4. Mi loca ;
Chanson psychédélique-hippie avec tam-tams. J’imagine une grano-punk sans âge danser près d’un feu de camp sur cet air hypnotique .
5. Téléthargique ;
Première pièce résolument punk de l’album.
Pièce sur la crétinerie télévisuelle. Les paroles relatent une langue appauvrie par une désertification mentale et culturelle généralisées.
6. P’tit change ;
La rue, les punk, le change qu’ils quêtent, les jeunes victimes de leur ignorance, le vieillissement prématuré constituent les thèmes de ce morceau rock  relativement conventionnel.
7. Bulle, envole-toi ;
Évoque l’ivresse d’une solitude décrépie, tel un buzz ressenti avec bonheur : dans sa plénitude, sa beauté passagère et sa légèreté opaque.
8. Congères ;
Deuxième pièce résolument punk de l’album.
Mot désignant les bancs de neige créés par le vent, par lequel  « on opère le vide de nos valeurs éphémères ». Congères reste en tête et se démarque par la maîtrise langagière de ses paroles.
9. Amphibiens ;
Sonorités accoustiques empruntant l’air de « Trois petits chats » (chanson de feux de camp avec mots appropriés au contexte socio-politique québécois) La pièce relate la poésie de souffrances non-dites et maintes réalités indicibles, virevoltant en un monde caverneux et sous-marin. Voir le videoclip.
10. Ingurgitus ;
Ôde à la déboire de premier du mois, lorsque l’assisté social reçoit son chèque mensuel, scandé dans un esprit d’autodestructon festif. Voir le videoclip
11. Ludovic;
Humour noir! qui pleure le plus? le parent ou l’enfant? Courte minute de bruits domestiques… « Le stress chez l’enfant, une réalité »
12. Ô phaarmaciel ;
Troisième pièce résolument punk de l’album, à propos de l’industrie pharmaceutique ici décrite comme  une religion cachée.
Message : Les vendeurs de drogues légales agissent tels les pires criminels sur terre. la chanson relate un exemple d’incitation à la consommation.
13. Phare ;
Parlures en une complainte de style folk, transformées en mélopée psychédélique. Pire pièce du disque toutefois imprégnée d’émotions fortes.
14. Day by Day ;
Quatrème pièce de l’album résolument punk.
Clôture en queue de poisson, d’une tristesse sombre, déchantée, urbaine (sons d’auto).
En regard de nos plus grands malheurs personnels, vaut mieux tout oublier et vivre au jour le jour…. pour toujours.

Note : 9/10

(Écrit par : Allexbel.net)

2 commentaires:

  1. Bonne idée de faire une espèce de revue nostalgique. ça me rappelle de bons souvenirs et ça me donne le gout de sortir ma boite de cassettes. J'aimais bien Ingurgitus, avec la participation d'Anonymus et d'Overbass, des complices de cette époque.

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  2. Merci La Punkerie pour ce texte! J'aimais Groovy, j'aime Groovy et j'aimerai Groovy!

    Pat

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